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Étude comparative de la numération des globules blancs par la solution de Turk et l’acide phosphorique à 2%
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Par
Jean Jacques Matamabudi Onkun
Psychologie et Société Nouvelle, Volume XVIII, n°3
Résumé
Les analyses hématologiques jouent un rôle indispensable dans le diagnostic d’orientation de plusieurs affections. Les cellules sanguines en général et les globules blancs en particulier, peuvent varier soit morphologiquement soit numériquement au cours des altérations d’origine diverse. Ainsi, la détermination de leur nombre ou de leur valeur par unité de sang parait nécessaire pour affirmer ou infirmer la présence d’une pathologie humaine.
Dans ce travail, nous avons comparé les résultats de la numération des globules blancs en utilisant deux solutions diluants différentes : la solution de Turk et l’acide phosphorique à 2%. A l’issu de ces analyses, les deux solutions ont présenté les mêmes résultats. Donc l’acide phosphorique à 2% peut être utilisé au lieu et la place de la résolution de Turk qui est couramment utilisées.
Introduction
La numération des globules blancs figure parmi les analyses hématologiques les plus demandées en clinique. Les globules blancs peuvent varier soit morphologiquement soit numériquement au cours des altérations d’origine diverse. Ainsi la détermination de leur nombre ou de leur valeur par unité du sang parait nécessaire pour affirmer ou infirmer la présence ou l’absence d’une pathologie humaine. De ce fait, une méthode d’analyse systématique serait fondamentalement un moyen beaucoup plus approprié pour l’établissement d’une détermination.
Cependant, les méthodes utilisées pour évaluer normalement les leucocytes par unité de sang peuvent induire à des incertitudes énormes et par conséquent fausser la démarche ainsi que les résultats, car elles dépendent fondamentalement de la nature des réactifs et de leur mode d’action sur les autres cellules sanguines. Et ces méthodes restent, enfin de compte, si différentes les unes des autres.
La solution hémolysante appliquée aux méthodes d’analyse utilisées couramment dans nos milieux est la solution de Turk diluée à 2%. Celle-ci permet de faire la numération des globules blancs grâce à laquelle le clinicien fait une interprétation correcte et compréhensive sur les pathologies.
Dans le cadre de nos recherches au laboratoire, il est avéré que l’hôpital général de référence de Bandundu-ville, en cas d’absence de la solution de Turk, était limité à faire la numération des globules blancs et devait attendre sa commande des autres laboratoires d’ailleurs. À la suite de cette difficulté, une solution intermédiaire s’est imposée, c’est-à-dire utiliser l’acide phosphorique comme solution hémolysante.
Au regard de ce qui précède, une constatation mérite d’être soulevée pour élucider davantage notre étude : est-ce que l’acide phosphorique en tant que solution hémolysante aboutit-elle à la numération normale des globules blancs ? Ou encore ces deux solutions hémolysantes parviendront-elles à un même résultat d’interprétation utile au clinicien pour un bon suivi de son patient ? Une telle étude menée entre deux méthodes d’analyses, évoluerait-elle numériquement la valeur du constituant tant recherché sur le même échantillon ?
Eu égard à un tel questionnement, nous estimons qu’une étude systématique entre deux solutions hémolysantes s’avère nécessaire pour aboutir à une conclusion beaucoup plus sûre dans l’interprétation des données. En cas d’absence de la solution de Turk, avec l’acide phosphorique à 2%, on pourrait faire la numération des globules blancs et obtenir des bons résultats. En plus, une comparaison sur les deux techniques précitées nous parait capable dans l’évaluation numérique des leucocytes sanguins.
1. Matériel
1.1. Matériel biologique
L’outil biologique nécessaire dont nous nous sommes servis pour la réalisation de cette étude est le sang capillaire et veineux prélevé chez les malades reçus au laboratoire de l’hôpital général de référence de Bandundu venus pour les examens paracliniques.
1.2. Matériel de laboratoire
Pour réaliser cette étude, le matériel de laboratoire utilisé a été celui de prélèvement, de dilution et d’analyse.
- 2 tubes à essai ;
- 1 portoir ;
- Des lancettes stériles ;
- Des aiguilles stériles montées sur des seringues ;
- 2 lames propres ;
- 1 pipette pour globules blancs ;
- Ouate hydrophile ;
- Garrot ;
- 1 cellule de Neubawer ;
- Microscope ;
- 2 solutions hémolysantes : solution de Turk à 2% et l’acide phosphorique à 2% ;
- Solution de l’EDTA (anticoagulant).
2. Méthodes
Une recherche scientifique digne de son nom ne peut atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée si elle ne se donne une ligne de conduite traduite en termes de méthodes. Comme méthode, nous avons utilisé celle qui a été à la fois comparative, documentaire et statistique.
Population et échantillon
Notre étude a porté sur une population de 300 malades. De cette population, on a tiré un sondage aléatoire simple à partir de la fraction du sondage de un à cent (1 à 100), ce qui fait que l’étude a porté sur 30 malades dont l’âge varie de 0 à 65 ans, sans distinction de sexe.
Technique de prélèvement
Le prélèvement est soit veineux et le sang est recueilli sur EDTA, soit capillaire et immédiatement dilué dans la solution hémolysante. La numération est soit manuelle ; après la dilution dans un liquide qui lyse les globules rouges, tout en préservant les globules blancs, solution d’acide acétique à 2% (liquide de Turk) à la solution d’acide phosphorique à 2%, comptage au microscope des leucocytes contenus dans une cellule des Neubawer améliorée, soit automatique, dilution automatique dans un liquide isotonique et tamponnée, dépourvue des particules, puis aspiration à travers l’orifice d’une soude. Le passage de chaque cellule crée une modification de la résistivité, proportionnelle au volume de la cellule (type coulter count or sysmex KX-21N autonome).
La dilution en cas de comptage manuel est de 1/20 et le nombre des leucocytes comptés doit être multiplié par 50, car on compte ceux-ci dans 4 grands carrés (dites secondaires). Contrairement à la solution d’acide phosphorique, le liquide de Turk présente le désavantage à cause de l’acide acétique qu’il contient : ceux-ci endommagent progressivement les leucocytes, de telle sorte que la numération soit être effectuée aussi rapidement que possible ; la destruction des leucoytes est déjà d’environ 8% dans une heure et de 11,5% après deux heures ; de plus la présence de volet de gentiane rend plus difficile le nettoyage de la chambre à numération.
Prélèvement du sang veineux
Au niveau du dos de la main ou au bras ou encore à l’avant-bras visualiser la veine la plus saillante :
- Serré la garrot puis ;
- Désinfecter l’endroit de prélèvement ;
- Introduire l’aiguille montée sur une seringue dans la veine ;
- Aspirer le sang jusqu’à la quantité voulue.
Prélèvement du sang capillaire :
- Désinfecter le doigt (le majeur ou l’annulaire) à l’aide de l’ouate inhibé d’alcool ;
- Laisser évaporer l’alcool puis ;
- D’un coup franc et sec ; piquer l’endroit désinfecter ;
- Prélever une goutte de sang puis la déposer sur une lame porte-objet.
Technique de dilution :
- Rapidement, aspirer le sang à l’aide d’une pipette jusqu’au trait 20ul, puis diluer avec 0,4ml de la solution hémolysante (solution de Turk ou l’acide phosphorique) ;
- Laisser reposer la solution pendant au moins 3 minutes.
Analyse
Principe
Le principe est d’analyser le sang dilué par la solution de Turk ou l’acide phosphorique à 2% qui détruit les globules rouges et les plaquettes tout en laissant intacts les globules blancs.
Technique :
- Mettre l’échantillon dans la chambre de la cellule hématimètre en remplissant tous les 4 carrés de la cellule ;
- Placer la cellule sur la platine du microscope et chercher le champ à l’objectif 10x ;
- Une fois la chambre visualisée, compter les globules blancs trouvés dans les 4 carrés de la cellule et les multiplier par 50 ;
Valeurs de référence
- Adulte : 4.000 à 10.000 GB/mm3
- Enfant : 4.000 à 10.000 GB/mm3
- Nourrisson : 4.000 à 15.000 GB/mm3
- Nouveau-né : 4.000 à 20.000 GB/mm3
3. Résultats et discussion
Pour illustrer nos résultats ; le tableau 1 ci-dessous donne ces résultats de la numération des globules blancs obtenus à partir de la solution de Turk.
Tableau 1. Résolution de la numération des globules blancs à partir de la solution de Turk
NGB |
fréquence |
% |
3.103 - 5.103 mm3 |
2 |
6,7 |
5,1.103 - 7.103 mm3 |
9 |
30 |
7,1.103 - 9.103 mm3 |
9 |
30 |
9,1.103 - 11.103 mm3 |
7 |
23,3 |
11,1.103 mm3 et plus |
3 |
10 |
Total |
30 |
100 |
Au regard du tableau 1 ci-dessus, deux patients sur 30 soit 6,7% ont présenté des valeurs comprises entre 3.000 et 5.000 GB/mm3 ; neuf patients ; soit 30% ont présenté des valeurs comprises entre 5.100 et 7.000 à GB/mm3, neuf autres patients dans la valeur des globules blancs va de 7.100 à 9.000 mm3, sept patients, soit 23,3% ont présenté des valeurs allant de 9.100 à 11.000 GB/mm3 et enfin trois patients, soit 10% dont la valeur va de 11.100 GB/mm3 et plus.
En nous référant aux valeurs de référence, un patient, soit 3,3% a présenté une leucopénie (une valeur en dessous de 4.000 GB/mm3) ; 24 patients, soit 80% ont présenté des valeurs normales (entre 4.000 et 10.000 GB/mm3), tandis que 5 patients, soit 16,7% ont présenté une leucocytose (valeurs supérieures à 10.000 GB/mm3).
Tableau 2. Résultats de la numération des globules blancs à partir de l’acide phosphorique.
NGB |
fréquence |
% |
3.103 - 5.103 mm3 |
3 |
10 |
5,1.103 - 7.103 mm3 |
9 |
30 |
7,1.103 - 9.103 mm3 |
8 |
26,7 |
9,1.103 - 11.103 mm3 |
8 |
26,7 |
11,1.103 mm3 et plus |
2 |
6,6 |
Total |
30 |
100 |
Du tableau 2 relatif aux résultats obtenus à partir de l’acide phosphorique à 2%, il est à noter que 3 patients sur 30 sur 10% ont présenté des valeurs comprises entre 3.000 et 5.000 GB/mm3 :
- 9 patients, soit 30% dont la valeur des globules blancs va de 5.100 à 7.000 /mm3 ;
- 8 patients, soit 26,7% ont présenté des valeurs comprises entre 7.100 et 9.000/mm3 ;
- 8 autres patients ont présenté des valeurs allant de 9.100 à 11.000/mm3 et enfin ;
- 2 patients, soit 6,6% ont présenté des valeurs égales ou supérieures à 11000 GB/mm3.
Donc avec l’acide phosphorique à 2%, un patient, soit 3,3% a présenté une leucopénie (valeur inférieure à 4.000 GB/mm3) 23 patients, soit 76,7% ont présenté des valeurs normales (entre 4.000 et 10.000 GB/mm3) et enfin 6 patients, soit 20% ont présenté une leucocytose (des valeurs supérieures à 10.000 GB/mm3.
Tableau 3 : Comparaison des résultats de la numération des globules blancs obtenus à partir de la solution de Turk et à partir de l’acide phosphorique à 20%.
Réactifs NGB |
Turk |
Acide phosphorique |
Total |
3.103 - 5.103 mm3 |
2 |
3 |
5 |
5,1.103 - 7.103 mm3 |
9 |
9 |
18 |
7,1.103 - 9.103 mm3 |
9 |
8 |
17 |
9,1.103 - 11.103 mm3 |
7 |
8 |
15 |
11,1.103 mm3 et plus |
3 |
2 |
5 |
Total |
30 |
30 |
06 |
Du tableau 3, relatif à la comparaison des résultats obtenus à partir de deux solutions hémolysantes, il est à noter ceci :
- Avec la solution de Turk 2 patients sur 30 ont présenté des valeurs comprises entre 3.000 et 5.000/mm3 , tandis qu’avec l’acide phosphorique, 3 patients se trouvent dans cette fourchette ;
- Entre 5.100 et 7.000/mm3 , les deux réactifs ont présenté 9 cas ;
- De 7.100 à 9.000 GB/mm3 , la solution de Turk avait présenté chacun 9 cas, tandis qu’avec l’acide phosphorique, nous avons enregistré 8 cas ;
- De 9.100 à 11.000 /mm3 ,7 cas ont été enregistrés avec la solution de Turk et 8 cas avec l’acide phosphorique à 2% et enfin à partir de 11.100 /mm3 et en plus, 3 cas ont été enregistrés avec la solution de Turk contre 2 cas avec l’acide phosphorique à 2%.
Discussion
Au cours de notre étude sur la comparaison des résultats de la numération des globules blancs obtenus à partir de la solution de Turk d’une part et d’autre part à partir de l’acide phosphorique à 2%, 30 échantillons ont été soumis à l’examen.
Après comptage des globules blancs, avec la solution de Turk un patient a présenté une leucopénie (valeur inférieur à 4.000 /mm3 ), 24 patients, soit 80% dont leurs valeurs ont été dans la fourchette de la normalité c’est-à-dire entre 4.000 et 10.000/mm3 et 5 patients, soit 16,7% ont présenté une leucocytose (valeurs supérieures à 10.000/mm3). Avec l’acide phosphorique à 2%, la leucopénie a été enregistrée chez un seul patient. Quant aux valeurs normales, ici, 23 patients, soit 76,7% ont été dans cette fourchette et enfin 6 patients soit 20% ont présenté une leucocytose.
En comparant les résultats obtenus à partir de ces deux solutions hémolysantes, un seul patient a présenté une leucopénie avec les deux solutions, 5 patients ont présenté une leucocytose avec solution de Turk contre 6 patients avec l’acide phosphorique à 2%, pendant que 24 patients avec solution de Turk et 23 patients avec l’acide phosphorique à 2% ont présenté des valeurs normales c’est-à-dire comprises entre 4.000 et 10.000/mm3.
Les différences non significatives constatées être dues soit à la dilution, soit ou comptage manuel.
Conclusion
L’objectif principal de notre recherche consistait à vérifier si l’acide phosphorique à 2% donnerait des résultats comparables à ceux obtenus avec la solution de Turk.
A cet effet, 30 échantillons ont été soumis aux analyses. Après lecture de ces échantillons, nous avons constaté avec beaucoup de satisfaction que les résultats fournis par l’acide phosphorique à 2% ne se sont pas écartés de ceux fournis par la solution de Turk. Donc l’acide phosphorique à 2% peut être utilisé à l’absence de la solution de Turk.
Recommandation
Sans nous contredire, nous savons bel et bien que la solution de Turk est le seul réactif qui est utilisé pour la numération des globules blancs.
Les essais réalisés avec l’acide phosphorique à 2% ont donné des résultats très satisfaisants.
À la suite de certains inconvénients que présente la solution de Turk (la présente de l’acide acétique qui endommage progressivement les leucocytes et de violet de gentiane qui rend difficile le nettoyage de la chambre à numération), nous demanderons :
- Aux techniciens de laboratoire d’utiliser l’acide phosphorique à 2% au lieu et place de la solution de Turk ;
- Aux institutions sanitaires d’équiper leurs laboratoires en acide phosphorique afin de résoudre le problème de rupture en réactifs que connaissent certains laboratoires.
Bibliographie
Bernard J. et Levy J.B (1976). Abrégé d’hématologie. Paris : éd. Masson.
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Herrera A. et Socal-Celigny PH. (1985). Hématologie. Paris : éd. Malaires S.A.
Kamoun P. et Frejaville J.P. (1993). Guide des examens de laboratoires. Paris : éd. Flammarion.
Mbayo Kalumbu (1996). Biologie médicale appliquée. Kinshasa : éd. Presse universitaire.
Mehta A.B et Hoffraband A.V. (2003). Hématologie. Bruxelles : éd. De Boeck.
OMS (1982). Manuel des techniques de base pour le laboratoire médical.
Vanros (1981). Hématologie. IMT.
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