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Influence de fiente des poules, Guano et Tithonia diversifolia sur la croissance et la production du piment (Capsicum fritensens) dans les conditions agro-climatiques de Bandundu en RDC
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Par
Izwa Kukuna Genie Charsly
Résumé
Le piment (Capsicum fritensens.) est une plante cultivée à cause de ses fruits utilisés comme condiment essentiellement pour colorer et relever le gout de certains aliments. La faible productivité de cette culture dans la ville de Bandundu est due à ses exigences sur les propriétés du sol, plus particulièrement en éléments fertilisants.
Raison pour laquelle une étude a été conduite dans le site de Lwani en vue d’évaluer l’influence de différents fertilisants (fiente de poule, Guano et Tithonia diversifolia) afin de déterminer la meilleure fumure susceptible, d’accroitre la production du piment dans les conditions écologiques comparables à celles du site expérimental.
Les résultats obtenus ont montré que les plantes traitées avec la fiente de poule associé de NPK (T3) ont influencé la production de façon significative.
Introduction
La République Démocratique du Congo (RDC) est l’un des plus grands pays africains à vocation agricole, avec une démographie très élevée dont la majorité de la population ne vit que de la terre. Le besoin en denrées alimentaires de première nécessité est très important pour satisfaire la population congolaise.
En plus, l’agriculture d’autosubsistance est à la base de la disponibilité des aliments pour les ménages agricoles en RDC en général et dans la ville de Bandundu en particulier. Les cultures maraîchères contribuent à la sécurité alimentaire, à la création d’emploi pour une majorité de la population et à la diversification des revenus (Mobambo, 2013).
Malgré l’importance du secteur agricole dans son ensemble, l’activité du maraîchage rencontre beaucoup des difficultés à cause de nombreuses contraintes comme la pauvreté des sols, des maladies, des ravageurs ainsi que la rigueur du climat.
Dans la république démocratique Congo en général et la ville de Bandundu en particulier, l’alimentation de la population est basée pour une grande partie, à la consommation des légumes dont le piment occupe une place de choix, comme partout en Afrique où il est utilisé comme condiment pour assaisonner les aliments.
Cependant, les contraintes majeures limitant la production et occasionnant la baisse de rendement de cette culture restent la pauvreté du sol et l’utilisation des cultivars moins productifs.
A ce titre, pour mieux pénétrer en profondeur les différents points soulevés par notre problématique, les questions suivantes méritent d’être posées afin de trouver une fumure susceptible d’accroitre la production :
- Les fertilisants utilisées au cours de cette étude seraient – t – elle capable d’accroitre la productives du piment ?
- Existe – t – il de dose pour exploiter le maximum de potentialités productives du piment ?
Dans les conditions de sols sablo – argileux comme le cas du site universitaire de Lwani, l’utilisation raisonnée des fertilisants organiques (fiente des poules, Guano et Tithonia diversifolia) associé au NPK serait sans doute une solution au problème du piment dont la productivité est liée à la richesse du sol.
1.1. Milieu
Notre étude a été menée dans le jardin expérimental de la faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Bandundu sur le quartier Lwani. Ce site expérimental est localisé dans la ville de Bandundu qui est situé sur la rive droite de la rivière Kwilu-Kwango à 30 18’ de latitude sud et de 170 21’ de longitude Est dans une plaine de 300m d’altitude.
Cette ville de 222 km2 est limitée :
- Au Nord par la rivière Kasaï ;
- Au sud et à l’Est par le territoire de Bagata,
- A l’ouest par le territoire de Kwamouth
En général, les sols de Bandundu ville sont de texture Argilo-sablonneux du type AC, assortis de quelques éléments grossiers, ayant un profil pédologique généralement pauvre en matières organiques, un horizon supérieur plus ou moins jaune à pH 4,7. Les éléments minéraux majeurs se retrouvent à une faible proportion dont 0,49% pour l’Azote, 0,039% pour le potassium et 0,48% pour le phosphore. Leur faible capacité de rétention d’eau lui confère une utilisation marginale pour l’agriculture (Risasi, 2016).
Selon la classification de Köppen, le site expérimental se trouve dans un climat du type AW4.C’est un climat tropical chaud et humide ayant 4 mois de saison sèche qui s’étend de mi-mai à mi-septembre et 8 mois de saison de pluies qui va de mi-septembre à mi-mai. Deux mois de précipitations maximales sont signalés l’une au mois de novembre et l’autre au mois de l’avril.
La température moyenne oscille entre 21 à 26 °C pendant la saison sèche et 26 à 32 °C en saison de pluie. Le mois de février est le mois le plus chaud et le mois de juillet est le plus frais, l’humidité relative de l’air est maximale en avril et mai, elle est minimale en septembre et à la fin de la saison sèche (METELSAT BDD, 2016).
L’essai a été mené au cours de la période allant du 10 Avril au 10 Juillet 2017, faisant ainsi une durée de quatre mois d’expérimentation.
2. Matériel
Le matériel biologique utilisé au cours de notre essai était constitué de semences des piments (variété Traditionnelle espagnol) qui s’adapte mieux aux conditions climatiques de la région et dont les fruits répondent à des critères commerciaux communs. Ce matériel nous a été fourni par Centre de Production des Semences (CEPROSEM).
1.3. Méthodes
1.3.1. Dispositif expérimental
L’essai était conduit suivant un dispositif carré latin avec 4 répétitions comme l’indique la figure 1 ci-dessous.
1,5 m |
3,2 mm |
T0 |
T1 |
T2 |
T3 |
T3 |
T2 |
T1 |
T0 |
T2 |
T3 |
T0 |
T1 |
T1 |
T0 |
T3 |
T2 |
17,3m |
Fig. 1. Dispositif expérimental
Légende :
- T0 : Sans apport
- T1 : Tithonia diversifolia (1 Kg/parcelle + 10 g de NPK)
- T2 : Guano (1 Kg/parcelle + 10 g de NPK)
- T3 : Fiente de poules (1 Kg/parcelle + 10 g de NPK)
Le champ mesurait 197,22 m² soit 17,3 m de long et 11,4 m de large. Les colonnes des parcelles étaient séparées, de 1,5 m et 1m de distance. La dimension de parcelles était de 3,2 m x 2,1 m soit 6,72 m2. Le semis était fait aux écartements de 80 cm x 70 cm.
1.3.2. Opérations culturales
1. Préparation du germoir
Après avoir délimité et labouré le sol, les plantes bandes de 1,5×1m ont été aménagées pour servir de germoir. Le semi était effectué aux écartements de 5 cm entre sillons. La levée a commencé 7 jours pour se terminer après 14 jours.
2. Préparation du terrain
Les travaux préparatoires ont consisté au débroussaillement suivi du labour et de la délimitation des parcelles...
3. Opérations culturales
Après avoir préparé le terrain, les différents fertilisants ont été appliqués dans les parcelles expérimentales 14 jours avant la plantation. La mise en place définitive a eu lieu quand les plants ont totalisé 3 à 4 feuilles, deux semaines après la levée aux écartements de 80 cm × 70 cm. Les soins d’entretien ont porté sur le regarnissage des vides, suivi de sarclage ainsi que l’arrosage.
1.3.4. Observations réalisées
Les observations réalisées ont porté sur les paramètres suivants :
- Diamètre au collet (en cm) : Le diamètre au collet des plants a été prélevé sur 4 échantillons au débit de la floraison à l’aide d’un pied à coulisse.
- Hauteur des Plantes (en cm) : elle a été mesurée sur 4 échantillons au débit la floraison, à l’aide d’une latte graduée de 50 cm.
- Production par parcelle (en kg) : en faisant la sommation des fruits de toutes les récoltes
- Rendement estimatif (en t/ha) : il était obtenu par extrapolation de la production parcellaire à l’hectare.
Les résultats relatifs à l’analyse statistique des paramètres observés dont les données se trouvent dans les annexes sont synthétisés le tableau 1 ci – après.
Tableau 3. Synthèse de données moyennes des observations
Traitements |
Diamètre au collet en cm |
Hauteur des plantes en cm |
Production par parcelle en g |
Production par Hectare en kg |
T0 |
0,1b |
15,1c |
74,5d |
110,9d |
T1 |
1,1a |
18,1b |
90,2c |
134,2c |
T2 |
1,4a |
19,5b |
110,8b |
164,8b |
T3 |
1,7a |
27,7a |
144,8a |
215,4a |
Moyennes |
1,1 |
20,1 |
105,1 |
156,3 |
CV |
15,00 |
6,96 |
3,34 |
3,34 |
PPDS |
0,39 |
3,42 |
8,59 |
12,79 |
Diamètre au collet : l’analyse de variance repris dans le tableau 4 aux annexes signale que les traitements appliqués ont favorisé l’accroissement de collets des plantes au seuil de probabilité de 5 %. Les résultats obtenus ont montré que les plantes ayant le collet le plus grand ont eu 1.7 cm tandis que les plus petites ont eu 0.1 cm de diamètre. Ces données ont été prélevées respectivement sur les cultures de T3 et T1. Les traitements sont classés selon l’ordre de leur efficacité, conformément au test de la plus petite différence significative PPDS comme suit : T3=T2=T1> T0.
En effet, les diamètres des plantes traitées ont eu de différences plus grandes que ceux des sujets n’ayant pas subis aucun traitement. Cette situation s’explique par le fait que le fertilisant du T3contientdes minéraux qui se libèrent au fur et à mesure avec les besoins de plantes.
Le Guano, bien que riche en acide urique, n’a pas été plus efficace que la fiente à cause de la raison évoquée ci – dessus. Cet élément disponible dans le sol sous la forme libre peut subir une illuviation vers les horizons profonds sous l’action de l’eau des pluies, pendant que les racines qui restent concentrées dans les horizons de surfaces ont privées d’éléments dont les plantes ont besoins jusqu’à la récolte (ZAMWANGANA, 2012).
Hauteur de plante : il ressort du tableau 5 de l’analyse statistique mentionnée aux annexes que les traitements utilisés ont influencé la hauteur des plantes au seuil de probabilité de 5%. Un coefficient de variation de l’ordre de 6,96 a été trouvé.
La valeur la plus élevée a été observé chez le T3 (27,7) suivi de T2 avec (19,5) et la moyenne générale est de 20,1. Le PPDS classe les traitements selon l’ordre décroissant comme suit : T3>T2=T0>T1.
Le coefficient de variation d’une valeur comme telle présenté ci – haut, montre que l’expérience a été menée dans le respect strict de la rigueur scientifique (KIATOKO, 2015).
Eu égard à la raison de l’efficacité des traitements utilisés, nous pouvons donc confirmer que les arguments avancés précédemment sont aussi valables pour justifier ce paramètre, sauf avec le T1 qui a une vitesse de décomposition beaucoup plus rapide que les autres.
Production de fruits par parcelle en g : quant à la production par parcelle, les résultats du tableau 6 mentionnés dans les annexes ont présenté une différence significative entre les traitements utilisés. Le CV étant de 3,4 au seuil de probabilité de 5%, le poids de fruits a varié entre 144,8g à 74,5g. Il peut se classer selon l’ordre comparativement au test de la plus petite différence significative, T3>T2> T1>T0.
Il s’avère que T3 s’est démarqués des autres traitements et a accusé une différence nettement significative. Ce niveau de production est obtenu grâce au traitement appliqué avec la fiente de poule à la dose de 1 kg par parcelle.
Etant donné que la fertilisation a été effectuée pendant la période pluviale, les matières organiques à décomposition rapide ont perdu l’essentiel de minéraux constitutifs sous l’action de l’eau avant que les plantes puissent en avoir besoin. Ce constat a été fait sur les plantes de T1 (Tithonia diversifolia) qui ont donné une production proche à celle du T0.
A ce sujet, Il est reconnu que la décomposition du Tithonia diversifolia débute deux jours après l’application pour se terminer 8 à 14 jours alors que le Piment est une culture annuelle ou bisannuelle (RAEMAEKERS, 2001).
La fiente de poules a fait preuve de son efficacité sur le Piment d’autant plus que la libération de ses matières fertilisantes se fait d’une façon échelonnée tout au long du cycle végétatif de la plante. C’est une fumure riche en potasse et en phosphore, éléments dont les plantes ont besoin pour déclencher la floraison et fructification (COUTANCEAUX, 1980).
Production à l’hectare : évoquant ce paramètre, l’analyse statistique montre que le rendement le plus élevé a été obtenu avec le T3(215,4Kg/ha) soit un rendement estimatif par extrapolation de 0,22T/ha et la plus faible production a été observée chez le T0(110,9Kg/ ha) soit un rendement estimatif de 0,11T/ha avec une moyenne générale de 156,3Kg/ha soit 0,15T/ha.
Eu égard à ce qui précède, nous pouvons donc confirmer que ce niveau de production est relativement bas par rapport au rendement classique du piment par hectare car en bonnes conditions de culture, un hectare peut produire en moyenne 4 à 10 tonnes (RAEMAEKRS, 2001).
En effet, la faible productivité du piment enregistré au cours de cet essai malgré l’apport des fertilisants prouve à suffisance qu’il existe un autre facteur à corriger au niveau du sol en dehors de sa fertilité. C’est probablement le pH car les études menées récemment ont signalé un pH moyen de 4,5 pour le sol de Lwani alors que cette culture exige un sol à pH proche de la neutralité de 5,5 à 6,8 avec un optimum de 6,5 (Idem).
Conclusion et suggestions
Notre travail dont l’objectif était de déterminer le fertilisant organique susceptible d’accroitre la production du Piment dans les conditions écologiques semblables à celles du site expérimental a présenté les résultats escomptés.
Les résultats obtenus ont montré que la fiente de poules associées au NPK a influencé la production de façon significative. Il a été également démontré que les matières organiques qui libèrent rapidement les éléments minéraux constitutifs comme le Guano et le Tithonia diversifolia ne conviennent pas à la culture du piment qui dure longtemps.
Pour résoudre toutes les contraintes liées à la production du piment à Bandundu – ville, les options suivantes méritent d’être levées :
- L’état doit mettre à la disposition des producteurs les semences de variétés améliorées hautement productives ainsi que les intrants nécessaires ;
- Les agriculteurs doivent également bénéficier des encadrements pour renforcer leur capacité par rapport aux techniques modernes de culture.
- Ils doivent impérativement se regrouper en association des producteurs pour avoir accès aux microcrédits.
A la lumière des résultats obtenus, il apparait de manière claire que T3 soit utilisé comme meilleure fumure pour la production du piment (Capsicum fritensens) dans le site de Bandundu/Lwani.
Ainsi, nous suggérons que les essais ultérieurs soient poursuivis dans le but de corriger les éléments qui pose le problème et aussi de déterminer la quantité idéale de la fumure qui donne un rendement supérieur à celui obtenu au cours de notre étude.
Bibliographie
Aruy, M.P., Galeauin, F. (2003). Epices aromates et condiments. Paris : éditions BELINS.
Bourget, M. (1991). Les plantes tropicales à épices. Paris : Maisonneuve et la Rose.
CEPROCEM (2016). Certification des semences utilisées pour la production.
Clémat (1981). Découverte au 18eme siècle sur la côte du Pérou, le guano est l’ancêtre des engrais Azotés et phosphatés.
Couplant, F. et Nestlé (1999). Guide des conditions et épices du monde et de la chaux.
Coutanceaux (1980). Arboriculture Fruitière : Techniques et économie des rosacées vivaces. Paris.
Diego Alvarez (9500) avant jésus christ. Première plante cultivée autogame en Amérique centrale et du sud.
Kiatoko (2015). Notes de cours de Statistique et Biométrie G3 agronomie, UNIKIN, inédit.
Lannoy, H. (2001). Manuel des cultures potagères en Afrique tropicale.
Mobambo (2013). Notes de cours d’agricultures générale et comparée, G2 Agro, UNIKIN, inédit.
Raemaekrs, R. H. (2001). Agriculture en Afrique tropicale. Bruxelles.
Risasi (2016). Notes de cours de pédologie générale et tropicale, G2/UNIBAND. Inédit.
Zamwangana (2012). Effets des Fumures organiques (Tithoniadiversifolia, Chromolaenaodorataet la Guano) sur la production de l’Amarante dans les conditions écologiques de la ville de Bandundu (cas du site Lwani).
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